Si tu travailles dans le domaine humanitaire, tu peux être fière !
Fière de toi, fière de ton impact sur le monde, fière de faire chaque jour la différence pour les personnes les plus vulnérables de la planète !
Tu apportes ta pierre à l’édifice et ton travail est probablement une véritable vocation !
Dans le cadre de ton travail, tu as également la possibilité de découvrir le monde.
Tu voyages et vis dans d’autres pays que le tien, ce qui te permet de découvrir d’autres cultures, d’autres religions et d’autres modes de vie. C’est vraiment merveilleux !
Cependant, être travailleur humanitaire n’est pas seulement une carrière, c’est un choix qui a un impact sur toute ta vie, et cela peut parfois être un défi !
Dans cet article, j’aimerais mettre en lumière trois défis importants que j’ai observés lors de mes conversations de coaching avec des travailleuses humanitaires.
Parce qu’être un travailleur humanitaire, c’est bien plus qu’un choix de carrière !
Le rôle de sauveur, les contrats précaires et la cage dorée
La plupart des personnes qui débutent leur carrière dans le domaine humanitaire doivent accepter des contrats temporaires. Cela semble être la règle. On commence au bas de l’échelle, on doit faire ses preuves et prouver que l’on veut vraiment ce genre de vie.
Mais ces contrats temporaires peuvent durer des années, ce qui rend la carrière très précaire. On ne sait jamais si l’on aura un autre contrat, ni où l’on vivra dans 6 mois… Dans ces conditions, il peut être très difficile d’élaborer un projet de vie.
C’est très stressant et une des conséquences est que l’on peut être amené à accepter un emploi qui ne nous convienne pas ou qui n’est pas bien payé, parce qu’il faut rester dans le jeu.
Je trouve cela assez brutal. Il y a des gens qui consacrent leur vie à contribuer au monde, et ils doivent se battre pour le faire… tout en étant payés au lance-pierre.
Les organisations pour lesquelles ils travaillent savent probablement qu’ils assument le rôle de sauveur et qu’ils feraient n’importe quoi pour aider ! Il y a tant à faire et ils veulent contribuer à un monde meilleur ! Il est donc plus que probable qu’ils acceptent de se sacrifier un peu pour cela…
Tu me répliqueras probablement que : « Non, c’est parce que les associations et les ONG pour lesquelles elles travaillent ont un budget limité… ».
C’est sans doute vrai pour certaines associations, mais d’autres ont des budgets assez colossaux et pourtant, dans ces organisations, ce n’est que lorsque l’on parvient à décrocher un poste permanent que l’on peut bénéficier d’un très bon salaire et d’avantages que l’on octroie dans d’autres carrières.
Et le chemin pour y parvenir peut être long…
L’ironie, c’est qu’une fois que tu as atteint ce graal, ce poste permanent, la peur de perdre cet emploi bien mérité se fait sentir… et tu peux recommencer à accepter des emplois qui ne correspondent pas à ce que tu veux vraiment afin de conserver le poste et les avantages… Après des années de contrats précaires, tu es entrée dans une cage dorée et tu ne veux surtout pas perdre tout ce pour quoi tu as travaillé.
Comme dans le monde des affaires ou de la politique, à un certain moment, le travail sur le terrain, l’impact de l’organisation sur le monde commence à compter moins que le poste et le salaire…
Bien qu’il y ait eu une véritable vocation, le pourquoi commence à disparaître.
Pas seulement un travail, mais toute une vie!
Une carrière dans le domaine humanitaire n’est pas seulement une carrière, c’est aussi un choix de vie.
L’endroit où tu vis dépendra des opportunités et des missions. Tu es sans cesse en mouvement et voyages beaucoup, ce qui, au début, est très excitant. Mais à un moment donné, cela peut devenir un véritable défi.
De nombreux travailleurs humanitaires commencent à se demander « où est mon chez moi? ».
Ils ont tellement voyagé qu’ils ne savent plus où se poser. Leur payse d’origine n’est plus vraiment leur chez eux, ils ont vu tellement de choses, ils ont tellement changé, qu’il est difficile d’imaginer un retour en arrière.
En ce qui concerne leurs relations, ils ont rencontré beaucoup de gens au fil des ans. Ils ont des amis dans de nombreux pays. C’est à la fois merveilleux et difficile sur le plan émotionnel, car les gens vont et viennent. Ils nouent des relations solides dans des contextes difficiles, puis les gens s’en vont.
Qu’en est-il de tomber amoureux et de fonder une famille ?
Ce n’est pas facile non plus. Les travailleurs humanitaires tombent souvent amoureux alors qu’ils sont en poste dans un autre pays.
Vont-ils rester dans ce pays ? Leur relation est-elle suffisamment forte pour qu’ils ne rentrent pas chez eux ? Ou partiront-ils dans un autre pays, en fonction de leur nouvelle affectation ?
Dans une vie plus « traditionnelle », il n’est pas si difficile de répondre à toutes ces questions… Nous parlons de « ta » ville ou de « la mienne » ou de quelque chose entre les deux. Dans la vie humanitaire, il s’agit de « ton » pays ou du mien, voire de « ton » continent ou du mien, ou encore d’un autre endroit sur la planète!
La prise de décision est certainement plus complexe pour les travailleurs humanitaires !
Des environnements difficiles et si peu de support
Comme tu peux l’imaginer, de nombreux travailleurs humanitaires travaillent dans des pays politiquement ou économiquement instables. C’est là que le travail le plus urgent et le plus important doit être accompli.
Certains travailleurs humanitaires ont des postes sur le terrain et sont là pour gérer les situations d’urgence. C’est leur travail et ils doivent être disponibles à tout moment pour apporter des réponses immédiates aux catastrophes climatiques, aux vagues de réfugiés, à la sécheresse, à la guerre, etc.
D’autres ont des emplois de bureau mais travaillent dans des pays où la tension règne et où la guerre peut éclater à tout moment. Ils sont formés pour être prêts à faire face à ces circonstances. Ils emportent avec eux leur bagage d’urgence avec tout ce qu’il faut pour être évacués si la situation devient trop dangereuse…
Sont-ils aidés pour faire face à tout cela ?
Oui, mais pas assez, je trouve.
Je suis toujours étonnée d’apprendre que dans les domaines de l’aide humanitaire, de la justice, de la santé… où les travailleurs peuvent être confrontés à des situations très difficiles, voire à des atrocités, il y a si peu d’aide psychologique.
D’une certaine manière, ils doivent faire le travail eux-mêmes, chercher de l’aide, sortir de leurs traumatismes,…
Un défi, n’est-ce pas ?
Combien de courage, d’ouverture et de vulnérabilité sont nécessaires pour y parvenir ?
Permets-moi de terminer cet article en disant « chapeau bas » à tous les travailleurs humanitaires.
Non seulement votre travail est une véritable contribution au monde, mais vous le réalisez souvent avec des ressources externes insuffisantes et devez faire appel à vos propres ressources pour y parvenir.
Ne perdez pas de vue que vous êtes aussi des êtres humains et que vous ne pouvez prendre soin des autres que si vous prenez d’abord soin de vous.
Si tu travailles dans l’humanitaire et que tu sens que tu perds ton optimisme initial, ou une partie de toi-même, ou si tu commences à avoir des difficultés à prendre des décisions pour les prochaines étapes de ta vie ou de ta carrière, n’hésite pas à demander de l’aide. Toi aussi, tu as besoin d’un peu de soutien.