Burnout

Le terme « burnout » est parfois utilisé à tort et à travers et je vais donc être prudente en l’utilisant.  

Néanmoins, je souhaite te partager mon expérience d’épuisement professionnel car cela a été une période importante de ma vie qui m’a beaucoup appris sur moi-même et m’a menée à ma nouvelle carrière de coach. 

Voici l’histoire de mon burnout, du mieux que je m’en souvienne.

J’espère qu’elle te sera utile.

Article aussi disponible en anglais.

Cela a commencé comme ceci: « J’ai si froid! »

Bien sûr, il y avait eu des signes avant-coureur que je n’étais pas en grande forme; j’étais assez fatiguée, émotive aussi et je doutais de moi et de mon travail.

Néanmoins j’ai continué, j’ai persévéré.

Le jour de mon anniversaire, après une petite fête au travail, je suis rentrée chez moi et là j’ai eu très froid.

Mes mains et mes pieds étaient gelés, j’avais l’impression qu’il n’y avait plus d’afflux de sang. C’était assez étrange.

Alors j’ai pris un bain chaud, j’ai mis mon pyjama et un peignoir, je me suis couchée avec le peignoir, sous une couverture, deux couvertures,…

Cela n’a pas aidé, j’avais si froid que tout mon corps tremblait.

Ce n’était pas la première fois que mon corps me disait de ralentir. Je connaissais les angines en plein été alors que personne n’était malade et je savais que c’était un signe que je devais prendre soin de moi.

Mais cette fois, j’ai ressenti quelque chose de différent, de nouveau, d’étrange, de définitivement anormal. J’ai dû reconnaître ce contre quoi je me battais depuis des semaines; quelque chose ne tournait pas rond au travail.

 « Je ne suis pas vraiment malade… »

J’ai pris un congé maladie pendant une semaine. Le médecin m’a dit que j’étais épuisée et que j’avais besoin de me reposer.

Panique au bureau puisque deux personnes travaillant sur le même projet avaient déjà reçu un diagnostic d’épuisement professionnel.

J’ai passé une semaine à la maison, en revenant à l’essentiel ; dormir, manger, se promener, profiter de mon petit (mon fils de 1,5 ans à l’époque m’a définitivement aidé à prendre du recul sur ce qui comptait vraiment…), et penser à l’absurdité de ce qui se passait au travail.

Mais pendant cette semaine, je n’arrêtais pas de penser; « Je ne sais pas pourquoi je suis à la maison, je ne suis pas malade, je fonctionne normalement ».

Alors je suis retournée travailler.

 « Je veux un coach! »

Heureusement, j’ai eu la présence d’esprit de demander de l’aide. J’étais un peu vindicative. Comme le travail m’avait mis dans cette situation difficile, j’ai voulu réparation et j’ai demandé à avoir un coach.

Bien sûr, il était absolument nécessaire que j’obtienne du soutien car j’essayais de garder le cap, mais j’étais perturbée émotionnellement (je pleurais quasiment tous les jours au boulot…) et ma confiance en moi avait plongé. D’une certaine manière, je devais reconstruire une partie de moi qui était brisée.

Je me remercie aujourd’hui d’avoir demandé un coach car cela m’a aidé au-delà de mes espérances!

Pourquoi ai-je fait un burnout?

Avec le recul, je pense qu’il y avait un mélange d’éléments personnels et contextuels qui m’ont conduit à l’épuisement ;

1. le syndrome de la « superwoman »
2. un décalage avec mes propres valeurs
3. aucune distinction entre moi, mon rôle et le contexte 

Je clarifie…

1. Le syndrome de la « superwoman »

A peine rentrée de congé maternité, je voulais me prouver que je pouvais tout gérer ; avoir un bébé et reprendre ma carrière là où je l’avais laissée. J’avais défini assez clairement les règles du jeu avant de me lancer dans ce nouveau projet ; je devais aller chercher mon fils à la crèche tous les jours, donc ma journée de travail serait de 8h à 17h et cela a été accepté. Du coup, je trouvais que ça se passait plutôt bien (même si j’enfilais les kilomètres en voiture et me dépêchais tout le temps). 8 mois après mon retour au travail, j’ai été promue ! Bravo!

Mais être promue signifiait plus de pression; je devais être un modèle pour l’entreprise et le projet. Et c’est probablement quand ça a dérapé… Je voulais prouver que j’avais mérité la promotion (il y a là aussi le syndrome de l’imposteuren étant un exemple pour l’équipe et j’ai commencé à exécuter ce qu’on me demandait même si je n’étais pas tout à fait d’accord avec ce qui se passait sur le projet…

2. Décalage avec mes valeurs

 

Je savais ou du moins je ressentais que quelque chose n’allait pas, mais je pensais que j’avais juste besoin de persévérer.

Pendant les séances de coaching, j’ai réalisé que je ne me connaissais pas moi-même ni mes valeurs…

Alors bien sûr, il m’était difficile de nommer et de souligner clairement ce qui ne me convenait pas. Découvrir mon type de personnalité et les valeurs qui me tenaient à cœur m’a aidé à comprendre pourquoi certaines choses n’étaient pas acceptables pour moi sur le projet.

J’ai réalisé que j’avais travaillé tout ce temps contre moi-même et il n’était pas étonnant que cela m’ait conduit à douter de moi et à m’épuiser.

3. Moi, mon role et mon contexte

 

J’ai aussi réalisé au cours des séances que j’avais fait un gros mélange entre qui j’étais (moi en tant que personne), mon rôle sur le projet et mon environnement de travail.

Je me remettais constamment en question en doutant de moi et de mes capacités à être chef de projet comme si c’est deux choses n’en etaient qu’une (moi = mes capacités). Et je n’ai jamais pensé à prendre du recul sur l’environnement dans lequel je me trouvais.

J’ai donc dû apprendre à me dissocier de mon rôle et du contexte dans lequel je me trouvais.

« Je pars »

 

Quand il est devenu clair pour moi que je ne pouvais pas continuer à travailler sur le projet car c’était devenu un environnement toxique pour moi, j’ai pris mon courage à deux mains et j’ai demandé de quitter le projet.

Bien sûr, ce n’était pas facile, j’étais une ressource importante et on m’avait promis que les choses changeraient et que j’aurais un autre rôle. De plus, je savais que quitter le projet n’était probablement pas une décision intelligente pour ma carrière…

Malgré cela, et parce que je ne pouvais plus m’imaginer là-bas sans me sentir anxieuse, sans voir l’avenir de façon très négative, j’ai finalisé mon travail et j’ai quitté le projet par la petite porte…

Je pense que l’équipe de projet s’est dit que j’abandonnais le navire mais ma décision était prise car c’était une question de santé mentale pour moi.

« J’avais raison »

J’ai rejoint un autre projet où j’ai pu reconstruire ma confiance en moi, y aller plus lentement, me valoriser ainsi que mon expertise et être entourée d’un environnement plus positif.

Quelques mois plus tard, mon projet précédent a pris fin brutalement. Toute l’équipe est retournée au bureau, tellement déçue d’avoir été « remerciée » après tant d’efforts et tant d’énergie. Il y avait beaucoup de déception, de colère et de tristesse.

J’étais navrée pour chacun d’entre eux et en même temps tellement soulagée. Après tout, j’avais eu raison de suivre mon intuition et de quitter le projet, ce n’était pas seulement mon imagination, le projet était un endroit toxique et ça ne s’est pas bien terminé.

« Un cadeau étrangement emballé… »

Ce fut une expérience difficile et fatigante. Une période avec beaucoup de doutes.

Mais je suis vraiment reconnaissante de l’avoir traversée car cela m’a façonnée en tant que personne et en tant que coach.

Cette expérience m’a amenée à me découvrir, à chercher à m’épanouir et à devenir moi-même coach.

Je voudrais conclure avec 3 conseils;

1. Si un jour tu sens que quelque chose ne va pas et que tu commences à douter de toi-même plus qu’à l’accoutumée, si tu deviens fatiguée, émotive, si tu as des comportements différents que d’habitude, c’est probablement que ton esprit et ton corps essaient de te dire quelque chose. Écoute-toi.

2. C’est une bonne chose de se remettre en question de façon à s’améliorer mais c’est aussi important de réfléchir à l’environnement dans lequel on se trouve ; peut-être que le problème ne vient pas de toi, peut-être que c’est le contexte.

3. Dans le doute, cherche des occasions de parler de ta situation en dehors du système. Ce n’est qu’en dehors du système que tu pourras prendre du recul.

Si tu sens que tu es au bord de l'épuisement professionnel, ne reste pas seule, demande du support.